JOURNÉE-DÉBAT AUTOUR DE L’ACCOMPAGNEMENT
30 novembre 2002 – ENM de Villeurbanne
Cette journée, organisée par l’ANMAM en partenariat avec l’ENM de Villeurbanne et avec le soutien de la DRAC Rhône-Alpes, était orientée plus particulièrement sur la place de l’accompagnement et le rôle du musicien – accompagnateur au sein de l’équipe pédagogique dans les établissements d’enseignement artistique spécialisé :
Statut musical et pédagogique au sein de l’établissement :
L’accompagnateur est-il interprète, enseignant, les deux ?
– Accompagnement au carrefour de la pratique collective :
Accompagnement / Musique de chambre : quelles différences ?
– Quel rôle dans la formation des élèves ?
Quels liens avec le département claviers ?
Quels liens avec le département de culture musicale ?
Quels liens avec les départements Musique Ancienne, Musiques Actuelles, Jazz, Art Dramatique…
– Quelle formation pour les accompagnateurs ?
Spécificité et diversité des compétences
Classes d’accompagnement
Accueil dans les Cefedem et dans la formation diplômante au C.A
Une enquête préalable a été effectuée et adressée à tous les établissements de la région. Elle proposait un questionnaire général destiné à établir une photographie de chaque établissement (nombre d’élèves par cycle, par départements, nombre d’accompagnateurs, fonctionnement, classe d’accompagnement) et un second questionnaire destiné aux accompagnateurs et professeurs d’accompagnement, proposant quelques pistes de réflexion autour des thèmes principaux de cette journée.
Une cinquantaine de personne était présente, représentant un large éventail des structures d’enseignement de la région : CNR de Châlon sur Saône, Grenoble et Lyon ; ENM de Bourgoin-Jallieu, Chambéry, Oyonnax, Valence, Villeurbanne et St Etienne ; EMMA de Saint Fons et Saint Priest ainsi que les Cefedem et CNSMD de Lyon.
L’assemblée, était majoritairement constituée de pianistes accompagnateurs et de professeurs d’accompagnement, mais aussi de percussionnistes accompagnateurs de classe de danse, de professeurs de piano, d’instrument ou de chant et de directeurs.
Si la mobilisation générale a été très encourageante, on peut regretter la faible mobilisation des partenaires instrumentistes ou chanteurs, pourtant indispensables dans un débat autour de l’accompagnement, ainsi que de celle des directeurs.
La journée s’est articulée autour de différentes interventions suivies d’un débat. Les tables-rondes de l’après midi, initialement prévues, ont été remplacées à la demande générale par la continuation du débat.
COMPTE-RENDU DE LA JOURNÉE
Martial PARDO directeur de l’ENM de Villeurbanne et médiateur des débats:
Accueil des participants. Pourquoi accueillir cette journée ? Cheminement de la réflexion autour de l’accompagnement à l’ENM de Villeurbanne.
– Pourquoi faut-il une spécialisation ? Prenons l’exemple du jazz où l’accompagnement n’est pas nécessairement un métier : les rôles sont constamment alternés. On est tour à tour soliste et accompagnateur. Toute musique provoque des postures différentes, mais y a-t-il tant de différences ?
– La création d’un département Accompagnement au sein de l’ENM : elle permet la représentation aux conseils pédagogiques et d’associer les accompagnateurs aux calendriers des examens ainsi qu’à l’évaluation des élèves.
– Ce métier, au cœur de la pratique collective, réunit les valeurs qui correspondent au projet d’établissement : improvisation, culture et langage , autonomie de l’élève, situation de l’art dans la cité, etc…Toutes ces valeurs étant indissociables.
L’accompagnateur est un enseignant de musique comme les autres. Il rassemble toutes les compétences pour être de plus en plus un moniteur de pratique collective, son domaine de spécialité. C’est dans ce cadre que le métier peut retrouver un sens nouveau et digne : « accompagner » les étudiants sur la voie de l’autonomie dans le groupe, car ce qui est central est bien le développement des pratiques collectives entre étudiants, ce qui les préparent à leur avenir d’amateurs et de professionnels. Dès lors, la fonction d’un accompagnateur pourrait se décliner en quatre temps :
-L’accompagnement in situ : dans les situations complexes qu’ils sont les seuls à pouvoir affronter
-Leurs permanences
-Le tutorat de pratique collective
-L’enseignement de l’accompagnement
Là se situerait leur plus fort effet de levier dans l’école, à condition que celle-ci ne limite plus leur raison d’être et leur temps aux seuls examens et que, chemin faisant, elle reconfigure ces examens en évaluation de situations vivantes et pertinentes, faisant, tant que faire se peut, jouer les élèves entre eux.
Michel TRANCHANT, président de l’ANMAM , professeur au CNSMD de Lyon :
Il retrace l’historique de l’ANMAM qui se veut être un lieu de réflexion du métier d’accompagnateur sous toutes ses facettes. La première tâche a été de faire un état des lieux de la profession portant sur le nombre d’accompagnateurs par établissement et sur leur rôle pédagogique .
L’enquête régionale, réalisée pour la préparation de cette journée, a révélé les réflexions suivantes :
– La majorité des accompagnateurs se considère à la fois interprète ET enseignant.
– Quelques départements Accompagnement existent. La plupart des personnes sont intéressées par la création d’un département Accompagnement (restriction pour la majorité des accompagnateurs danse, qui n’en voient pas l’utilité)
– Peu d’accompagnateurs participent à l’évaluation des élèves ( sauf quelques accompagnateurs de classe de chant ou certains qui sont sur des postes mixtes FM/chant/ou danse). Par contre tout le monde s’accorde sur le fait que leur participation à l’évaluation (notamment dans le contrôle continu) pourrait apporter beaucoup : l’accompagnateur appréhende les élèves dans des situations différentes, et a une relation particulière avec eux. Il pourrait également participer aux délibérations des concours pour apporter son point de vue.
– La collaboration avec les différents partenaires (profs, élèves, administration) se passe à peu près bien mais des problèmes d’organisation existent, surtout en période de concours : planning surchargé, grande disponibilité nécessaire, parfois impression d’être « utilisé ».
On note de nombreux dysfonctionnements, concernant notamment des problèmes d’organisation dus, par exemple, à la concentration du travail sur une période restreinte de l’année (les examens). Le métier changera si le professeur d’instrument change son point de vue : l’accompagnateur doit faire travailler les élèves toute l’année et pas seulement au moment des examens.
– En ce qui concerne la relation entre le département accompagnement et le département clavier, tous souhaiteraient une relation plus étroite entre eux .Un élève accompagnateur et un accompagnateur professionnel ne jouent pas le même rôle .Ce dernier, par son expérience et son recul, a un rôle pédagogique.
– Quant à la différence entre l’accompagnement et la musique de chambre, la majorité des personnes n’en voient pas, tous deux tendent vers le même but : le partenariat musical basé sur l’écoute . Si différence il y a, elle se situerait dans le répertoire (réductions d’orchestre) et aux temps de préparation (nombre de répétitions)
L’ANMAM a proposé deux commissions : une concernant l’enseignement de l’accompagnement et l’autre l’accompagnement de la danse.
Un site internet a aussi été créé permettant, entre autres, la diffusion d’informations.
Cette journée annonce les Etats Généraux de l’accompagnement qui auront lieu à Rennes (18 et 19-01-03).
On peut noter quelques publications de textes : le résumé de la charte de l’accompagnement de Villeurbanne dans la revue Conservatoires de France, un article dans la Lettre du musicien et dans la revue du CNR de Lyon.
L’ ANMAM a le désir de faire évoluer un certain nombre de choses notamment en ce qui concerne le rôle pédagogique de l’accompagnateur et sa reconnaissance au sein des structures d’enseignement spécialisé.
En ce qui concerne les postes d’accompagnateurs à C.A. ils sont toujours très rares partout en France. Le ministère de la culture puis le CNFPT ont organisé des examens et des concours de professeurs accompagnateurs. Malgré l’inscription de candidats sur la liste d’aptitude, pratiquement aucun poste n’a été offert.
Michel CUKIER, inspecteur de la musique en Rhône-Alpes :
Que se passe-t-il dans les textes ministériels ? Il n’existe pas de document national officiel sur la mission des accompagnateurs. Quel règlement pour l’organisation du temps de l’accompagnateur ? Quelle différence entre le DE et le CA ?
Historique de l’accompagnement : il permet d’avancer dans la prise de conscience de l’existence de cette fonction.
La situation en France est unique en Europe : l’accompagnateur, cet inconnu, est omniprésent.
-Pour le public des années 50, le professeur de piano est le seul connu, il appartient à une filière (Y. NAT, M. LONG). Seule une population réduite possède un piano. C’est le règne de la hiérarchie. On considère les accompagnateurs comme « les petits des grands » (pas de nom sur les affiches…)
-1960-1970 : Création du ministère de la culture : M. LANDOWSKI propose un plan de l’enseignement musical. A l’époque le but était de former des élèves pour le CNSM de Paris. Le jazz et Stockhausen sont interdits de séjour. « Tout se passe à Paris ». L’idée de soliste reste la priorité absolue.
Emergence des conservatoires, nombreuses créations de postes.
En 1968 la fonction publique communale crée , au côté du cadre d’emploi de professeur, celui d’adjoint d’enseignement musical. Pour les accompagnateurs,c’est un grade « inférieur » qui est créé, celui d’assistant. Tous les problèmes vont se cristalliser dans ce « cocon ».
-1969 : Création du CA de professeur.
-1970 : Implosion du réseau des écoles de musique qui s’étend aux zones péri – urbaines et rurales.
Premiers projets d’établissements : notion de contrôle continu, de cycle.
Créations de classes de jazz, de musique extra européenne…Ce n’est plus une pédagogie basée sur un modèle unique, c’est le temps de la découverte, de l’expérimentation. L’école devient un pôle culturel initiateur de la vie musicale de la ville et, par là même, un établissement public.
L’accompagnateur pourtant est considéré comme un suiveur et en « libre –service » : l’égocentrisme du soliste demeure.
-1981 : Fort développement des attributions du ministère de la culture. Il n’y a plus de musiques exclues.
Délégation de la danse, inspecteurs (C. ROY, H. FOURES )
Il n’y a pas de formation pour les accompagnateurs.
-1984 : Premiers centres de formation musiciens intervenants (9 aujourd’hui)
-1986 : Création du premier DE d’accompagnateur avec 3 spécialités : danse, chant, instrument.
-1989 : Nouveau schéma directeur. Création des Cefedem (11 aujourd’hui), puis création des CA sur formation diplômante dans les 2 CNSM (1994).
L’idée de la nécessité d’une formation diplômante des pédagogues s’impose enfin . Pourtant, différents courants de contestation se sont faits jour :
-Ce sont des « théoriciens qui n’ont pas la connaissance du terrain »
-Des praticiens pensent que « le niveau va baisser » (on ne va plus travailler l’instrument 8h par jour !)
-On « oblige » l’enseignement de la musique contemporaine
-On « oblige » les pratiques collectives
-On « invente » l’évaluation globale (c’est de la « parlotte ! »)
Pour ces contestataires, placer l’accompagnateur comme « roue de secours » dans les examens est normal et participe du mode de fonctionnement.
Aujourd’hui, tout cela fait un peu sourire, mais quelques vieux démons perdurent encore.
-10 ans après : la place de l’accompagnement a certes évolué , mais elle tient de cette réalité. Il s’agit de le remettre à sa place : au cœur du projet de l’établissement.
J.F. PACOT,directeur adjoint au CNR de LYON :
Témoignage de 12 ans aux côtés des accompagnateurs du CNR de Lyon. Evolution positive du métier, construction d’une dynamique, création d’un département Accompagnement en cours. Il est difficile de construire une relation équilibrée avec les différents partenaires : il faut avoir une crédibilité de musicien et de pédagogue. Le département va faciliter les choses (pour l’instant pas de participation des accompagnateurs de danse).
KARINE HAHN, représentante des CEFEDEM
Lecture d’un texte de JC FRANCOIS, directeur du Cefedem
Réflexion sur ce à quoi mène le DE. Le Cefedem n’a pas connaissance d’élèves intéressés par une formation au sein de leur structure (vive réaction de l’assemblée !). Il y a peut-être un manque de publicité.
Le Cefedem se veut être un cadre de réflexion, il ne s’agit pas de mettre une concurrence entre les métiers. La réflexion doit être centrée sur l’élève et sur la mission d’une école. Il ne faut pas partir uniquement des compétences des enseignants, mais surtout de celle des élèves. L’école de musique est un lieu où se réconcilient l’interprète et l’enseignant.
La réflexion sur le métier d’accompagnateur suscite une réflexion plus globale notamment sur l’articulation du travail en équipe : un élève est-il la « propriété » d’un professeur où faut-il plutôt considérer : un élève dans l’école de musique en général ?
La spécificité de l’accompagnateur se situerait dans le regroupement de la culture musicale en action, de l’invention, de la réduction et de la transcriptions de partitions ainsi que dans la musique d’ensemble.
D’autre part, il ne faut pas attendre qu’un élève soit formé au métier d’accompagnateur, pour qu’il pratique l’accompagnement ainsi que l’écriture . Il faut le faire très tôt, dès le premier cycle.
BOB REVEL, directeur de l’ENM de Chambéry ,ancien inspecteur de la musique en Rhône-Alpes, jazzman , ancien accompagnateur danse :
Son intervention lance le débat en posant certaines problématiques.
– Pour élargir la réflexion ne faudrait-il pas réfléchir à la notion d’accompagnement à travers d’autres esthétiques musicales ?
Le rapport aux autres musiciens semble clair : « celui qui tient la tête d’affiche, c’est l’autre, et cela se voit sur sa feuille de paye ! »
Ce métier, qu’il a lui-même accompli avec « beaucoup d’amour et de passion », est un métier de médiation , une plaque tournante ( une plaque qui « frotte ! ») dans les établissements. Pourquoi y a-t-il souvent une notion de problème qui lui est relié ? Ce métier au cœur de la transversalité est aussi au cœur des questions d’organisation.
– A propos d’une charte : pourquoi cette approche ? Pourquoi pas une charte de Violon ? Pourquoi y a t-il la nécessité de se définir ? Cela va-t-il à l’encontre d’un décloisonnement ?
Mais comment gérer les demandes différentes des partenaires ?
– Il aborde le problème de la spécialisation de ce métier et de sa formation. Les Cefedem ont-ils les moyens d’assurer cette formation?
Ce métier est beaucoup conçu autour de la musique écrite ce qui est moins le cas de l’accompagnateur danse ou du jazzman par exemple, essentiellement en situation d’improvisation.
Il est rare qu’un accompagnateur fasse toute sa carrière dans le même secteur mais on trouve souvent le schéma : à la danse c’est le « moins bon » ; aux instruments c’est le « meilleur » ; au chant c’est différent il y a le « feeling » avec le prof de voix.
Si l’accompagnateur doit « glisser » d’un secteur à un autre, il se pose le problème de la danse et de l’improvisation qui lui est relié (ainsi que de la création pour la danse contemporaine): y a-t il séparation entre le créateur et le lecteur ? La prédominance de l’écriture, dont le pianiste accompagnateur est le « gardien du temple », est à l’origine de tout cela.
L’école de musique doit aussi être un lieu de l’oralité.
– Quelle conception avons-nous de l’école et de ses enseignants ? L’accompagnateur n’est-il pas l’un des derniers bastions d’une certaine forme d’ « archaïsme » ?
Ce métier tient dans la revendication d’un binôme de la relation qui va à l’encontre de l’évolution de l’école et qui doit sortir du schéma : un professeur, un élève.
Quels sont les objectifs des organismes de formation ? Il s’agit de ne pas uniquement se former en tant que professionnel , mais d’aussi d’aller vers la notion d’équipe et de projet d’établissement.
Si les projets d’école sont de renforcer les pratiques collectives et de supprimer les examens, qu’en sera-t-il des accompagnateurs ? Il faut leur trouver un autre rôle.
– Quelle est la différence entre l’accompagnateur et le professeur d’instrument?
Tous les professeurs sont là pour jouer avec leurs élèves et susciter des pratiques collectives, où est la spécificité des accompagnateurs ?
– Où sont les accompagnateurs ? : dans les grosses structures essentiellement (CNSM,CNR,ENM), et non pas dans les petites, où il se passe un certain nombre d’innovations pédagogiques.
DÉBAT
Il a porté essentiellement sur la place de l’accompagnateur dans la relation pédagogique avec les élèves et les partenaires enseignants.
Il apparaît que l’acc. se retrouve très souvent en situation d’urgence. Mais sa situation apparaît très différente selon les enseignants et finalement assez peu d’entre eux concertent réellement l’accompagnateur sur la conduite du travail.
T. SIBAUD, coordonnateur du département accompagnement au CNR de Grenoble, demande s’il existe des textes référentiels définissant cette fonction. L’accompagnateur est la seule personne engagée dans un établissement pour un acte musical.
M. CUKIER signale qu’un groupe de travail réuni par la DMDTS a mis au point un premier référentiel de compétences pour la formation supérieure. Elle se répartirait sur 3 cycles avec 3 niveaux de certification. Le référentiel définit des objectifs de formation globale. 6 grands « métiers » ont été dégagés : artiste- interprète , artiste –pédagogue , créateur, chefs et directeurs, chercheurs, techniciens du son. L’idée serait de construire les formations sur un concept de modules. Selon l’approfondissement de la formation dans le module l’étudiant se verrait affecté des « crédits ». Ceux-ci pourraient être utilisés pour divers cursus. Par exemple, la notion « d’accompagnement » serait partie prenante de toute formation à des niveaux différents d’approche selon les objectifs de l’étudiant. L’accompagnement ne serait pas « réduit » à accompagner. Il s’agit de ne pas uniquement se concentrer sur la technicité, mais une compétence professionnelle large afin d’ouvrir le maximum de portes. On retrouve ici une perception de la formation que défendaient les « humanistes ». Constatons par ailleurs, qu’au niveau européen, nous sommes un des rares pays où il y a plusieurs statuts d’enseignant dans le cadre de la formation initiale au sein de la fonction publique.
A. MORVAN, acc. au CNR de Lyon, revient sur les interrogations de Bob Revel, concernant ce besoin de définir la profession d’accompagnateur jusqu’à établir une charte de l’accompagnement, indiquant que si les accompagnateurs, au sein des établissements d’enseignement artistique, revendiquent leur rôle musical et pédagogique et la nécessité de le préciser, ce n’est pas au nom de leur seule spécificité, mais à l’égal de n’importe quel autre enseignant, participant activement à la formation musicale des élèves.
C. NAMURA, acc. au CNR de Châlon sur Saône, nous fait part de son expérience dans son établissement où elle regrette que les enseignants ne la laissent que très rarement seule avec les élèves.
JM. PIROLLET, prof. de sax. à l’ENM de Chambéry, précise qu’il pratique différemment. Il encourage ses élèves à travailler régulièrement et seuls avec l’accompagnateur qu’il considère comme un partenaire égal de sa classe.
Pour certains, l’accompagnateur est considéré comme un musicien d’orchestre au service du professeur qui tiendrait le rôle de chef d’orchestre.
D. CLEMOT , acc. à l’ENM Vill., dit que tout cela pose la question de son rôle pédagogique. On parle beaucoup de la place de l’accompagnateur par rapport au professeur, mais ne vaudrait-il pas plutôt se poser la question de la place de l’élève et de sa formation , car il s’agit aussi de développer son autonomie. Les accompagnateurs ont certainement un rôle important à jouer dans la formation au même titre que les autres enseignants. Mais cela demande aux acc. d’être eux aussi force de propositions et qu’on leur permette de l’être.
C. DIETTE, prof. de musique de chambre au CNR de Lyon, précise que l’on peut aussi beaucoup induire et suggérer par le jeu pianistique. F.X. SINNIGER, acc. à l’ENM de St. Etienne, apporte des précisions sur les terminologies employées dans différents pays pour définir ce métier : coach, chef de chant, maestro collaboratore, chor repetitor…
Beaucoup d’accompagnateurs souffrent d’une difficulté de collaboration avec leurs différents partenaires et ont souvent l’impression d’être « utilisés ». La tâche semble être plus facile dans les plus petites structures où ils ont souvent plusieurs « casquettes » : professeur de piano, musique de chambre, FM.. La difficulté ne viendrait-elle pas du cloisonnement ?
M. DUINAT, acc. et professeur d’acc. à l’ENM de Valence, B.GONIN acc. et prof.de piano à l’ENM de Bourgoin-Jallieu, B. LAPALUD acc. à l’EMMA de St Priest et MJ. ANGLERAUD, prof. de piano et acc. à l’EMMA de St Fons, témoignent de ce genre d’expérience. MJ. ANGLERAUD rapporte qu’elle a remarqué que des élèves instrumentistes qu’elle avait accompagnés au piano ne se comportaient pas de la même façon lorsqu’ils jouaient avec un autre élève pianiste : ils semblaient se prendre plus en charge dans cette dernière situation.
Le problème de la musique d’ensemble et de son enseignement sont abordés, de même qu’une réflexion sur les différents cycles.
J.M. TOILON, acc. et prof. d’acc. à l’ENM de Chambéry, nous fait part de son expérience avec le travail des groupes et du parcours d’accompagnement mis en place sur l’ensemble des trois cycles comprenant, entre autres, de l’improvisation et une collaboration entre clavecinistes et pianistes.
En ce qui concerne les formations des pianistes, ne pourrait-on envisager une UV d’accompagnement pour le DEM de piano, où les accompagnateurs auraient une part active ?
Il faudrait aborder une définition des missions d’enseignement.
T. SIBAUD, coordinateur du département accompagnement de Grenoble, signale l’importance d’une charte, celle de l’ENM de Villeurbanne ayant été un déclencheur pour rédiger la leur. Il est important que chaque établissement propose la sienne.
G VENTURI, professeur de saxophone à Villeurbanne, se demande s’il est nécessaire qu’un saxophoniste, par exemple, travaille uniquement avec un prof. de saxophone. L’instrument n’est pas le monopole d’une seule personne.
P. GENET, professeur de trompette à Villeurbanne : l’élève peut aussi se faire accompagner par un autre instrument que le piano.
Concernant les échanges d’élèves entre collègues pianistes ou autres , A. ROCHEFRETTE, prof. de piano à l’ENM de Valence, se demande si cela ne risque pas de « perdre » ces élèves.
K. HAHN, des Cefedem, répond qu’il n’est pas forcément négatif d’être « perdu »(si encore c’est le cas). C’est un moyen d’aller vers l’autonomie.
Pour S. FESSIEUX, professeur de chant jazz à Villeurbanne, ce sont ceux qui jouent qui font la musique. Il y a une grande collaboration au sein du département chanson entre élève/pianiste/prof. Les élèves alternent avec l’un ou l’autre une semaine sur deux. Elle fait part de son expérience en tant qu’élève de clarinette dans un CNR où elle a regretté de ne se trouver que très rarement seule avec l’accompagnateur.
L’évaluation est abordée avec une réflexion sur la contribution des accompagnateurs : ils n’y participent que très rarement alors qu’ils ont une part active dans la formation des élèves. D’autre part rien n’est jamais indiqué dans le règlement des études sur leur rôle pédagogique.
E. DEMANGE, de la formation diplômante au CA, précise qu’il faut établir un dialogue avec les formations diplômantes CEFEDEM et CA. Une réflexion globale est à mener. Les problématiques soulevées au cours de la journée , concernant le rôle de l’accompagnateur, se rapprochent de celles autour de la réflexion pédagogique musicale en général.
Clôture des débats à 17h par M. Pardo et M. Tranchant où il est question d’une nouvelle journée de débat pour poursuivre la réflexion avec tous les partenaires.
Nous avions diffusé le questionnaire ci-dessous afin de proposer quelques pistes de réflexion et d’établir un état des lieux de la profession en Rhône-Alpes :
Questionnaire à l’intention des accompagnateurs et professeurs d’accompagnement
· Etablissement :
· Etes-vous professeur d’accompagnement ?
accompagnateur ?
Précisez vos spécialités ( Danse, Chant , Instruments)
Rôle musical et pédagogique
· Comment concevez-vous votre rôle au sein de l’équipe pédagogique de votre établissement ?
Vous sentez-vous plus interprète, enseignant, les deux ?
· Appartenez-vous à un département ?
Si oui lequel ?
Participez-vous de manière active à la réflexion pédagogique au sein de ce département et de quelle manière ?
La création d’un département accompagnement dans votre établissement revêt-elle une importance à vos yeux ? Pourquoi ?
· Participez-vous actuellement à l’évaluation des élèves ?
Si oui, précisez :
De manière générale, estimez-vous que l’accompagnateur a un rôle à jouer dans cette évaluation ?
· Comment se déroule la collaboration avec :
1. les professeurs d’instruments, de chant, de danse
2. les élèves
3. l’administration
Comment ces différents partenaires conçoivent-ils cette collaboration avec vous ?
· Rencontrez-vous des problèmes d’organisation ?
Si oui lesquels ?
Pensez-vous que l’organisation et la qualité de votre travail soient liés ?
Participez-vous à l’élaboration de vos plannings ?
Formation des élèves et pratique collective
· Un accompagnateur professionnel et un élève accompagnateur jouent-ils le même rôle auprès des élèves qu’ils accompagnent?
Si différences il y a, quelles sont-elles ?
· Comment concevez-vous la relation entre une classe d’accompagnement et les accompagnateurs professionnels d’un même établissement ?
· Comment concevez-vous la relation entre un département Accompagnement et le département Claviers ?
· Comment concevez-vous la relation entre un département Accompagnement et les différents autres départements ? (Culture musicale, Musique ancienne, Jazz, Musiques actuelles, Art dramatique)
· Accompagnement / Musique de chambre : quelles différences ?
Questions diverses
· L’accompagnateur a t-il un rôle à jouer dans les missions de diffusion et de création de son établissement ?
Si oui, estimez-vous tenir ce rôle actuellement et de quelle façon ?
· Rencontrez vous des difficultés particulières ?
Si oui comment les analysez-vous ?
· Libre expression